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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 20:46

J'ai rêvé d'un chanteur

mais il s'est évanoui

J'ai rêvé d'un écrivain

mais il est parti

J'ai rêvé que j'existais et j'ai perdu.

 

Et j'ai prié prié prié

Et tu es revenu

toi mon amour perdu, je t'ai retrouvé

Je n'ai pas gagné la gloire

je n'ai pas gagné la reconnaissance

je ne sais pas ce que j'ai gagné

Peut-être l'amour???

 

J'ai rêvé d'un chanteur

mais il s'est évanoui

J'ai rêvé d'un écrivain

mais il est parti

et je me suis retrouvée seule à ma table à écrire et écrire et j'ai branché le poste de musique et j'ai écrit écrit écrit

et tu m'as embrassée, toi que j'aime plus que moi 

 

J'ai refait le monde avec des amis, des proches, des qui t'apportent de la chaleur, des qui te prennent pour qui tu es, ta famille de coeur, des qui te font renouer avec ta propre famille et te montrent même comment reprendre confiance en toi

 

et j'ai existé

 

et j'ai remercié mon Créateur

pour la vie, pour ma vie

 

alors, MERCI

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10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 17:31

dans mon ventre

ce balbutiement...

Tes mains.

Ton ventre.

Tes envolées.

Dans mon ventre

ce frémissement

ce doux murmure

ce gazouillis

ce frisson

ce fracas

Dans mon ventre

Quand toi près de moi

Dans mon ventre

Cet émoi

Dans mon ventre

qui pétille

des bulles...

Il frissonne quand tu es près de moi

il ne vibre que pour toi.

Dans mon ventre

Un éclat

TOI

 

Loin de toi c'est l'effroi

Je ne vibre que pour toi

Je ne vibre que par toi

 

Mon rencart ambulant

Mon chansonnier brûlant

... mon amant

qui m'aimante

tant et tant

à mes dépens.

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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 15:59

J'ai construit une maison à

l'intérieur de moi

A l'intérieur, y' a nous deux

et ce qui nous relie c'est beau

J'ai construit une demeure à

l'intérieur de moi

Y' a tous ceux que j'aime

dedans

Y' a la terre d'enfance

et y' a un toit

J'ai construit une maison à

l'intérieur de moi

... je crois que c'est l'AMOUR

qui relie tous mes moi(s) et

pas moi(s)

tout ce que j'aime et ce

que je n'aime pas.

J'ai construit une demeure

à l'intérieur de moi...

Ca tangue moins

grâce au corps

grâce aux mots

J'ai construit une maison à

l'intérieur de moi

Sans Jésus, et sans toi, toi, et toi

et moi

je n'serais pas là. Assise en moi.

 

J'ai construit une maison à l'intérieur de moi

et je te remercie d'être toi..., d'être là.

Parce que l'Amour m'aime, je deviens l'amour.

C'est l'amour le maître-mot...

 

Je t'aime, toi qui n'es pas moi

et qui m'aimes.

Je suis au creux de toi

Tu es au coeur de moi.

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15 mai 2024 3 15 /05 /mai /2024 23:43

Quand nous sommes ensemble

sur notre bateau

et que l'on s'endort côte à côte

Quand nous sommes ensemble

sur notre radeau

que j'entends ton souffle

bruisser près du mien

Je dis au revoir, au revoir aux

Bravos!

Je dis au revoir aux

serments tout faux

 

Je voudrais vieillir, vieillir

près de ta peau

T'accrocher un peu à moi, à

mes mots

J'aimerais t'étourdir de

rires et de sanglots

Que tu sois un peu, un tout p'tit peu

à moi

 

Quand nous sommes ensemble

sur notre bateau

Je n' rêve plus de Ah! de Oh! De Encore!

Je m'abandonne à toi contre tes yeux

clos

et je ne veux pas autre chose que

ça

 

Quand tu me souris quand le jour se lève

Quand tu approches ton visage quand la lune étincelle

Je n'désire que toi

je n'désire que toi

et ta bougie brille même dans mon sommeil

 

et tes yeux colombe, sûr, ils m'émerveillent

 

Quand je m'endors nue tout contre ta peau

et la chambre reflète tous nos mots, nos maux

Ah! J'entends un bruit tout contre ta peau

Mélodie du bonheur

Ronflements, zéro

Mélodie, reste à l'heure

Sans lui dire je sombre hé ho

 

Tout a lui

toi contre ma peau

tout a lui

je suis toute à lui

 

Même si le quotidien guette

 

je suis toute à lui

Même si des peaux-écailles peuvent fermer mes yeux

Même si mon ton acariâtre

Même si ton air négligent

 

Quand nous sommes ensemble

sur notre bateau

Quand nous sommes ensemble

sur notre radeau

Que j'entends ton souffle

Bruisser près du mien

 

je donnerais ma main

à mon sombrero

 

Quand on sombre ensemble

ta main dans ma main

 

Quand on dort ensemble

ensemble, vers demain...

 

 

 

 

 

 

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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 20:18

merci

 

dans ce merci

tous les matins du monde

 

dans ce merci

tes lèvres fécondes

dans ce merci

ton souffle dans la nuit

dans ce merci

soleil feutré, ami

 

dans ce merci

un rire d’enfant

un soupir éclos

dans ce merci

je suis à ta merci

pour que tu me souries

 

dans ce merci

je retrouve la vie

je revois les couleurs

 

dans ce merci

je respire à pleins vents

je pommade les heurts

 

 

dans ton merci

la mère

et

ton OUI

mer « si »

et mes mains vagabondes

 

dans ce merci

je lave ma peau

je lèche tes os

je goûte la pluie

dans ce merci

je prie

le Ciel

de toucher ton cœur

artichaut

 

dans ce merci toutes les joies du monde

 

dans ce merci

c’est toutes les peurs qui fondent

 

dans ce merci c’est ton oui qui me sonde

 

dans ce merci

j’avale ta douceur ronde

 

dans ce merci

je me creuse un nid

où nos yeux sans abri,

gazouillent à l’infini

 

des mots en pagaille

des je t’aime, je te suis

je te bois

 

j’engloutis

ton

merci

et mange dans ta bouche

l’eau claire de l’incendie

 

sans merci.

 

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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 18:32

Et, comme sa mère, il n’a pas envie de se retrouver à la rue. Non, vraiment. Plus jamais ça. La tante les a accueillis ici à condition qu’ils tiennent la maison bien propre.

Théophile soupire.

La tante peut arriver à n’importe quelle heure de la journée, elle ne téléphone pas. Elle toque à la porte d’entrée, et il faut être au garde à vous pour lui ouvrir.

Elle se laisse alors servir du bon thé que sa mère se procure dans la meilleure épicerie fine de la ville voisine. Et elle laisse ses yeux traîner : sur les meubles, sur le sol, sur les fenêtres…

Ils l’accueillent tous les trois et c’est un cérémonial bien rôdé.

Théophile ne reconnaît plus sa mère. De plus en plus anxieuse, nerveuse, agitée.

Suivi de moments d’intense fatigue pendant lesquels elle s’allonge dans sa chambre. Elle dort alors toute habillée pendant la journée… Au cas où.


 

Mais, ses fils sont malins : ils ont installés un peu partout dans la maison des sortes de pompons qui, s’ils les tirent, sonnent dans toute la maison. Ainsi ils peuvent se prévenir quand la tante toque à la porte.

Ils sortent alors de leur lit, leur fauteuil… et viennent lui ouvrir, tous les trois au garde à vous.

La tante tient à ce respect envers elle, leur logeuse.

Parfois elle vient même vérifier la chambre de sa nièce. Murielle n’oublie jamais de faire son lit.


 

Lever à huit heures chaque matin. Après ce sont les mêmes gestes : passer le chiffon sur chaque meuble. Puis les trois adultes passent l’aspirateur dans toute la grande maison.

Les yeux douloureux de Murielle rêvent après un ailleurs. Elle aimerait tant s’évanouir dans le sommeil. Elle fait des prières dont elle a honte après, des prières auprès de la Madone.

Il y a un lieu où sa tante n’a pas accès, un tout petit cagibi caché derrière sa chambre. Murielle y a installé une statue de la Madone, emplie d’eau de Lourdes.

Une bougie brûle en permanence dans cette pièce. Murielle effectue ici des prières de vaudou. Des prières de chamane. Des prières de sorcière.

Elle y pleure, et y pleure. L’étau se dé-sserre un peu, pour se resserrer après quand elle quitte le lieu.

Sûrement sa tante mourra bientôt. La maison leur appartiendra ! C’est sûr ! Ou bien non. Elle ne leur sera pas attribuée. Et il faudra véhiculer dans toute la ville pour trouver un autre lieu, une habitation où ils pourront s’échouer.

Murielle n’écrit pas ses prières de chamane dans le cagibi, elle ne les marque pas au stylo indélébile sur les murs. Elle ne laisse aucune trace de ce qu’elle demande à la Madone. Elle murmure ses prières, et les larmes suivent alors.

Mais là, ce jour-là, la peine est trop lourde. Elle fait une bise à Théophile et lui murmure : « Dis à ton frère de se lever quand il veut, mon grand. »

« Mais, … et tante Aglaé !? » s’écrie le gosse anxieux.

« Je n’ai même pas envie d’en parler mon fils. Va te doucher. Et amuse-toi mon grand. C’est tout ce que je te conseille »

« Mais , Maman ! Que t’arrive-t-il ?... »

Elle le regarde, d’un regard éteint :

- Qu’y a-t-il ? Demande-t-elle calmement.
- Nous n’avons pas le droit ! » s’écrit-il rageur.

Un nœud étreint le ventre de Murielle mais elle s’en dégage rapidement.
- Où vas-tu, maman ?

Son aîné est de plus en plus inquiet.

- Me détendre, mon fils.

Théophile ne comprend pas. Il n’a jamais compris ce mot. Cette attitude de certains. « Se détendre » quel drôle de mot ! Mais qu’est-ce donc ? Comment y parvenir ?

Son corps se crispe. Et si la vilaine sorcière arrivait sur ces entrefaites ? Ils seraient perdus.


 

Il faut qu’il aille réveiller son jumeau. Il faut lui crier à l’oreille : « Maman lâche l’affaire ! Maman nous abandonne. Elle quitte le bateau. Dans deux jours on se retrouve à la rue ! »


 

Il se rue dans la chambre.
Son jumeau n’y est plus. Le lit est défait. Le soleil brille derrière la fenêtre. Et c’est comme si un blanc ciel se faufilait jusqu’à lui, Théophile. Comme si derrière ces murs brillait une autre vie, faite de mouvements, de rires, de cris, de pleurs aussi. D’éclats de rires…

Se détendre ? Quelle drôle d’idée. Lui, il n’a connu que le garde à vous toute sa vie. À quoi ça rimerait de ne pas s’inquiéter pour sa survie.

Il entend des ronflements dans la grande chambre du fond. Sa mère dort. Peut-être a-t-elle pris des médicaments. Las ! Peu importe.

Une tristesse infinie s’abat sur lui.

Si sa mère et son frère n’y croient plus, il sera le gardien de la grande maison.

Il faut nettoyer. Ranger. Rendre propre et ne laisser aucune trace de poussière sur toutes les surfaces.

Il est inquiet, si inquiet. Il n’ose partir du giron de sa mère. Il n’ose désobéir à la règle première. Ni à la tante Aglaé.

Il n’appelle pas son jumeau.


 

Il ne veut pas réveiller sa mère. Il poussera une gueulante quand son jumeau rentrera. Celui-ci a encore dû faire le mur. On ne peut compter sur personne.

Il part en quête d’un chiffon. Vers la buanderie il en trouve un. Et s’attaque à la lampe de chevet près de son lit. Ses mains tremblent un peu. Ne pas rater le geste. Il n’est pas certain d’y arriver.

Il appuie fortement sur le pied de la lampe. Et allonge le geste. Un peu de poussière s’étale sur son chiffon. Mais les particules de poussière ne veulent toutes passer sur le chiffon. Certaines volent dans l’air et se redéposent sur la lampe. Théophile se lève et va secouer le chiffon après avoir ouvert la fenêtre de la chambre.

La poussière volète.

Des larmes poussent dans ses yeux. C’est cette poussière et cette peur, qui le saisit.

Un vertige le prend.

La lampe l’appelle. Il faut bien la regarder la fixer. Pour en enlever la moindre poussière. Fenêtre ouverte. Un oiseau pépie sur l’arbre derrière lui.

Théophile n’est pas satisfait de son geste sur la lampe.

Sa mère a lâché l’affaire.

Son jumeau est parti.

Il sent qu’il se bat contre un ennemi invisible, un géant, il est aux prises avec un géant inconnu.

Alors, méticuleusement, il enlève une à une les poussières de la lampe.

Le travail est harassant. Méticuleusement et pendant que son jumeau goûte le soleil, entend la douce musique d’une chanteuse à la voix chaude et vibrante, un casque sur les oreilles, tranquillement adossé dans l’herbe près du ruisseau, en contrebas de la maison, Théophile reste seul à veiller au grain – grain de poussière – afin que la grande machinerie – et cette grande maison, ne tombe en lambeau.

Toute la pesanteur du monde écrase son cou qui, tendu, ne lâche pas.

Il continue les geste impossibles.


 

Drinnn ! Théophile soulève les yeux, le cou, la tête. Il sursaute. C’est la tante ! C’est la sorcière ! Alors il s’agite et il court : « Maman ! Maman ! » Mais sa mère s’est endormie… ou peut-être s’est-elle échappée dans un trou de souris ?

Que faire ? Il est seul face à l’inéluctable.

Faire face à celle qui régit toute sa vie.

Il sent son ventre se nouer. Il prend une inspiration, coule son pas vers la porte d’entrée.

Il étend la main pour ouvrir. Il faut ouvrir. Il faut s’ouvrir. Sinon…


 

Le temps suspend son vol. Un frétillement sourd dans ses oreilles. Le temps est au beau fixe.

Il sent la lumière jaune pâle entrer dans ses oreilles et c’est très étrange. Malgré le ventre serré dans le pantalon trop étroit, il respire mieux soudain. Il ferme les yeux. Apaisé. C’est la vie qui soulève son cœur et qui l’emporte ailleurs, près de son jumeau, vers la rivière.

Il s’absout de cette minute intense. Lui devant la porte d’entrée et la grandiose tante Aglaé qui patiente derrière, et c’est si bon.

Ce devoir qui attend, cette obligation d’ouvrir qui se suspend. Elle toque à la porte. Puis ses chaussures aux talons carrés piétinent. Il semble qu’elle fait marche arrière.

Et c’est un miracle ! Il entend ces pas s’allonger dans l’allée puis plus loin sur la route un chien aboie. Elle doit être vers la ferme des Benoit. Elle a pris la poudre d’escampette.

Théophile pousse un soupir de soulagement. Il regarde à droite. Il sent son nez laisser entrer puis exhaler de l’air.

« Maman ! » crie-t-il.

« Maman !… On a gagné ! Maman ! Elle est partie ».


 

Son écho résonne. Il est seul. Il se regarde dans le miroir. Il a quarante ans. Et tout ce temps qui a tourné autour. Il a quarante ans, et tout se fixe dans son regard perdu et soulagé...

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10 octobre 2023 2 10 /10 /octobre /2023 19:13

Elle sort lentement ses jambes du grand lit et soulève le drap auquel semble accrochée la couverture. Elle s’arc-boute, le visage crispé, le dos fait souffrir, le corps endolori. Le crâne est lourd : elle a l’impression qu’il sommeille encore, comme séparé d’elle, comme enfoui dans une sorte d'ouate.

Il faut réveiller les enfants, pense-t-elle.

Dehors il fait sombre. Le soleil tarde à se libérer de la moiteur de la nuit.

Il faut réveiller les enfants, pense-t-elle en appuyant sur son ventre qui envoie lui aussi des signaux de douleur.

Elle marche à pas lents, courbée dans la pièce aux murs recouverts de motifs vieillots, et se rend dans la chambre des jumeaux. La lumière dans le couloir fait ouvrir un œil à celui qui est le plus proche de la porte.

 

« Il est l’heure mon grand », articule-t-elle difficilement. Sa voix chevrote.

« Oui, maman » dit-il puis il tourne la tête sur le côté.

Avec une rage qu’elle essaie de contenir, la mère va tirer les rideaux de la chambre des enfants. Ce sont de grands enfants. Ils ont vingt et un ans tous les deux.

 

Au loin, la chouette hulule.

 

La grande maison isolée sur une colline entourée de bois, et que les cerfs observent la nuit, demeure inébranlable.

 

Murielle veille sur la grande habitation isolée et battue par les vents - qui soufflent très fort ce jour. Elle fait les gestes indispensables. Elle fait couler de l’eau dans la grande baignoire pourvue de pattes de tigre.

Nue. L’eau révèle l’aspect de ses mains où il n’y a que la peau sur les os. Elle laisse couler l’eau sur son corps squelettique. Son corps donne l’impression qu’il pourrait se casser, comme un os se casse quand on appuie sur sa tête, sur le point de rupture. Les mains semblent translucides.

Encore une journée. Il ne faut pas tarder. La maison est vorace. Elle lui prend goutte après goutte, toutes les gouttes de sa vie. Goutte à goutte. Elle se rabougrit. Dehors le vent souffle encore.

Elle entend les jumeaux se réveiller lentement de leur nuit sans rêve. Aucune échappatoire.

Murielle s’extirpe de la baignoire aux pattes de tigre.

Il est l’heure de préparer à manger. Il faut se dépêcher. Elle enfile sa blouse de vieille dame. Avant, Murielle était une belle dame. Murielle se perd, le temps file et troue son avenir.

« Le petit-déjeuner » bêle-t-elle. Elle martèle ces mots dans le couloir, dans le salon, dans la cuisine. Pour les garçons… qui ne se lèvent pas.

 

Elle allume la lumière dans la cuisine. Et se dirige vers la cafetière. Elle prend le filtre en plastique et le secoue dans la poubelle, afin d’en faire tomber le vieux café de la veille. Elle se saisit ensuite de la verseuse et la remplit d’eau, qu’elle déverse dans le réservoir. Elle repositionne d’un mouvement las la verseuse dans la cafetière.

Puis elle ouvre la porte du réfrigérateur et prend la boîte à café. La cuillère à café pour bien doser celui-ci dans la main droite, elle dépose la poudre dans le filtre en plastique.

 

Elle sent une ombre familière la frôler.

« Bonjour maman ! » lui dit Théophile, son aîné.

« Tu prends du café ? »

« Et pourquoi penses-tu que je suis descendu si tôt ? »

Murielle cligne des yeux et lui sourit :

«  Pour prendre du café. »

«  Ben oui » et il répond à son sourire en gloussant.

Le seul moment léger et complice de la journée.

 

Théophile est attablé et dépose du beurre sur les biscottes qu’il a prises sur le buffet.

La cafetière fait son petit bruit habituel.

Théophile s’étire de tout son long, et il échappe un sourd bâillement. Murielle hoquette, elle dépose une main sur son épaule.

« Et ton frère, il ne descend pas ? »

« Je sais pas, maman. Peut-être n’a-t-il pas envie de café… ? »

« Ton frère est vraiment insensé ! »

Elle fixe son fils aîné de ses yeux grands et angoissés.

« Et si elle venait ? »

Le fils aîné se replie sur lui-même. Il évite son regard. Puis il dit d’une voix douce :

« Ne t’inquiète pas, maman. Tu sais bien qu’il s’habillerait alors en vitesse dans la chambre, et qu’elle n’aurait rien le temps de voir, la vilaine sorcière ! »

« Ne parle pas d’elle comme ça. Aie du respect pour ton aïeule ! » Le ton est sec et n’appelle aucune réponse.

Théophile déglutit difficilement mais il reste silencieux.

Sa mère s’agite, secoue les bras. Et c’est reparti ! Des gestes saccadés. « N’oublie pas que tout ce que nous avons, c’est grâce à elle ! Ton aïeule ! »

« Tout. Tout. Cette cuisine ! Ce salon, cette salle à manger, cette bibliothèque, mon bureau, votre chambre, ma chambre. Ce grenier plein de jouets d’enfants. »

Sa mère crie désormais.

« Tout ça. Tout ça est à nous. Comprends-tu que sans elle nous serions à la rue !? »

Les yeux convulsés de sa mère. Sa mère, de plus en plus agitée – ou fatiguée. C’est selon.

Théophile la regarde mais il ne comprend pas. Que se passe-t-il. Que leur arrive-t-il ? Mais lui aussi la peur le broie.

 

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9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 19:13

J’ai des relents d’enfance

Qui s’étiolent dans mon cœur

J’ai des renoue d’amour

Qui me vivifient le cœur

Mes frères et sœurs, seuls, tous cinq

Puis mes parents tous sept

J’ai des relents d’enfance

et de passé qui ressurgit

 

Là que je sens d’épouser mon amour

 

J’ai des relents de passé amoureux de réconciliation

dans mes rêves

J’ai des souvenirs en pagaille

La vie fragile dans mes mains

Et ce fil de vie qui tisse et toile et auquel je m’accroche comme une désespérée

J’ai des amis, une grand-mère qui viennent me hanter.

J’ai des relents d’enfance

Je me réconcilie avec ce que je suis

et tous ceux que j’ai croisés.

C’est l’Amour le maître-mot

C’est Jésus : par lui tout est possible.

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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 09:28

Je ne sais pas mon mot

Le mot qui peut dire

interpeller.

Réciter

la vie des autres

Je semble poisson bullant

Seule dans son atmosphère

Je me noie dans le « moi »

C’est un mal obscur

Qui me secoue de l’au-delà

Les mots petit à petit voudraient s’acheminer

Faire des phrases

et te toucher.

J’aimerais savoir le mot,

pour ton rire dans mon rire

pour ton bonjour dans mon bonjour

pour ma violence dite avec élégance

J’aimerais savoir « les RTT » « le Soudan » « L’Afghanistan » « le dernier I-phone » « la boulangerie d’à côté et ses gâteaux, s’ils sont réputés » « Le temps qu’il fera demain »

Au-delà des phrases avoir des opinions

Un avis

Connaître quelque chose. Au-delà de moi.

J’aimerais accrocher des notes

Sur tes notes amies

et que ça parte en légèreté

Quitter la lourdeur. Au moins pour un temps.

Que ça s’accorde,

Que ça s’accroche

Cette mélodie du vivre ensemble

Parvenir à dépasser la simple curiosité de soi

Pour être de concert avec toi

en concert.

J’aimerais tout ça

Pour sembler un peu vivante

Même si je ne cesserai pas de creuser en moi le questionnement

l’abîme du cœur à cœur.

Mais m’ouvrir aussi aux peaux des autres.

J’aimerais sortir de mon émoi de moi

et m’emprisonner dans une portée musicale

qui enchanterait les âmes

et formerait des ponts entre nos voix.

J’aimerais mes yeux dans tes yeux

sans défaillir

et mon mot. Perdu.

Qui te rejoindrait

Tous deux enclins à l’étrangeté.

Mon autre émoi...

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7 janvier 2023 6 07 /01 /janvier /2023 18:41

Elle aimerait manger le fil de sa vie pour en sentir la présence.

Elle aimerait comprendre ce qu’elle fout là. Sur ce bout de Terre qui ne l’a pas demandée.

Elle aimerait sentir sa vie battre, un peu, un tout petit peu plus.

Elle mange sa vie. Elle mange sa terre. Elle fait son bout de chemin ici-bas.

Elle aimerait tant avancer droit.

Elle l’attend. Comme on attend un enfant perdu sans sa mère.

Elle l’attend comme on aime un pot aux roses.
Elle attend son homme. Il conduit, c’est dur.

Elle respire du ciel étoilé.

Elle est là. Seule à sa table. Et elle écrit.

Il est arrivé tout à l’heure. Il a ouvert la porte d’entrée en criant : « Hello ! »

Elle s’est dit : « Chic, il est arrivé ».

Elle a répondu à son « Hello ! »

Elle voudrait lui ouvrir la porte.

Toujours, à temps.
Elle a peur que la vie les ruine.

Un couple, ça s’apprend ?

Elle se dit que l’amour c’est l’inverse du cannibalisme.

C’est laisser l’autre vivre à côté.

À ses côtés. C’est s’emmêler dans un présent partiel. C’est vivre à plusieurs. C’est aimer sans cesse.

C’est préparer à manger. Ce soir, Elsa a oublié. Elle a oublié le B-A-BA..

Préparer à manger à son chéri.
Elle s’emberlificote dans son trou à rat.
Elle tombe dans le puits.

Pendant ce temps il est resté distant. Il lui a donné des conseils. Mais il est parti et Elsa est restée. Elle est perdue. Il l’a laissée. Ça ne lui fait rien.

Elle aime ça. Qu’il fasse sa vie. Ailleurs.

Elsa ne sait pas ce qui fait couple.

Mais Noé est si gentil.

Elsa ne sait pas ce qui fait couple. Vu qu’ils n’ont pas d’enfant.

Alors, ce soir, elle ouvre la porte.
Elle écrit et les mots hurlent : « Mange le fil ! Mange le fil de ta vie ! »

Elsa aimerait que le jour arrive.

Elsa aimerait comprendre pourquoi elle vit. Et ce qu’il lui veut, lui, cet homme qu’elle a aimé. Elle ne sait plus bien quand elle l’a rencontré.

Pourquoi a-t-il mis du déo, tout à l’heure, avant de partir ?

Pourquoi s’est-il rasé ?

« Stand by your man » susurre la chanteuse.

Ce soir, Elsa ouvre son sac, et le déballe. Elle se dit que Dieu est comme dans une cellule.

« Il attend que j’ouvre ! » s’exclame-t-elle.

Déjà elle n’a plus que lui comme repère.

Noé semble ailleurs. Il semble ne plus l’aimer, déjà. Leur amour se fourvoie.

Elle ne sait plus ce que veut dire « aimer ».

Elle le laisse regarder la télé à côté.
Elle, elle a besoin d’écrire, et écrire et réécrire sa vie. Liée à la sienne.

« Il y a tant de naufrage dans vos yeux, monsieur. »

Elsa s’engouffre dans un trou noir. Elle cherche à comprendre. Elle suit le fil.

Elle ne sait pas comment faire pour ne pas se perdre. Elle étouffe.

Ce n’est pas ainsi qu’elle gardera son homme.

Elle est un mystère qui s’étiole à côté.

Elsa a besoin de Noé. Mais elle veut vivre à côté. Elle aussi, elle a droit à son petit coin de Paradis.

Et tant pis s’il ne s’appelle pas Giulia, Esmeralda ou Lucilla.

Elsa a le choix. Entre un bout d’étoile et un coeur qui bat.

Elsa ne sait pas ce qui fait couple si elle s’éloigne un peu, un tout petit peu.

Il a mis du déo. Avant d’y aller.

Il a parlé en revenant, ravi, de Guilia, Esmeralda et Lucilla.

C’est pas grave, elle se dit. Noé l’aime.

Bâtir plutôt que déconstruire.

Y Croire plutôt que tout détruire.

Être un coeur qui bat, bat, bat. Et qui ne se lasse pas de battre.

Elle a son torse qui pourrait s’ouvrir. Elle a le visage éreinté. Elle a cru à sa mort. Elle s’est sentie perdue. Elle avait perdu le fil.

Elle rêve sa peau. Ses yeux. Son sourire. Ses envolées.

« Il était beau comme un italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin ».

 

L’amour, ce n’est pas quelque chose de confortable.

L’amour, c’est piquant. C’est avoir le cul entre deux chaises.

Elsa n’est sûre de rien.

Noé a tant besoin de séduire. Elsa n’est ni Guilia, ni Esmeralda, ni Lucilla. Elsa n’est qu’elle-même. Un tout petit bout de femme qui a peur de son ombre et qui écrit des pages et des pages pour suivre le fil.

Elsa est une petite Ariane en devenir.

 

Et puis, elle ferme les yeux.

Peut-être tout n’est que question de foi et d’amour.

Alors, ce soir, Elsa choisit d’y croire.

 

Comment on fait pour ressusciter ?

Elsa pense à appeler sa meilleure amie. Mais non. Pas cette fois-ci.

 

Elsa se souvient le premier resto, avec Noé.

Elle avait le trac, un trac fou.

Elle se sentait une moitié de personne.

Comment pourrait-elle l’intéresser, bon sang ?

Elle avait peur de la boue, en elle.

Elle avait peur de dire des choses insipides.

Elle avait peur d’annoncer la couleur.

Cette corde au cou, ce mal-être… cette chute dans le puits si souvent.

Elsa sait le PRIX des choses.

Elsa sait que perdre un jour c’est perdre pour toujours. Elsa sait que Noé est unique qu’il s’aiment qu’ils ont tissé des liens ténus et qu’elle a le droit, le devoir même de prendre du temps pour elle. Et pas que pour eux.

Elle veut comprendre ce qu’il s’est passé. Pourquoi son cœur bat si fort, ce soir ? Pourquoi elle étouffe un peu.

Et ce qui fait qu’elle ne peut plus respirer vraiment, respirer à fond.

 

Elle se souvient l’eau dans la piscine de son enfance et ses cercles de petite nageuse au fond de celle-ci. Le soleil qui perçait du ciel qui mettait tout ce qui manquait de lueur dans sa vie, et qu’elle mirait qui l’apaisait qu’elle voulait atteindre. Et sa tante – sa grand-tante – qui attendait près du grand chêne, sans parler, sans regard vers elle. Sans la considérer. Cette fille, Elsa, qui ne savait pas dire « non », qui ne savait pas dire « je ». Et en qui passait la beauté de celles qui ne se savent pas belles.

Cette petite fille, Elsa, timorée. Cette petite Elsa qui questionnait le monde de son regard bigleux et perçant.

Cette petite Elsa qui était comme une herbe folle, soit trop sage, soit fuyante.

Cette petite Elsa qui se connaissait si peu.

Des larmes se crochètent à ses yeux. Ce n’est pas le but.

Le but, c’est de S’OUVRIR.

Le but, c’est de COMPRENDRE.

Le but, c’est d’AIMER…

Et, peut-être, plus encore, c’est de SE LAISSER AIMER.

 

Noé la regarde avec tendresse quand elle conduit le lendemain.

Elsa veille tel un cerbère. Elle scrute l’horizon. Elsa sent quand il se fourvoie cet horizon. Elle scrute les biches, sur la route. Elle scrute les sangliers.

Elle scrute les Jolis Cœurs et les Bombasses allumeuses.

Noé ferme les yeux… Elsa passe la quatrième… Un vrai bonheur.

 

Elsa se dit qu’elle peut dormir dorénavant.

Elsa a retrouvé en elle le fil. Le fil de leur amour. Cette considération que Noé a pour elle, et qui lui a tant manqué quand elle était une petite fille.


Elle va le bécoter, tiens !

Et laisser sa grand-tante s’évanouir tout près du grand chêne.

 

Tiens, elle ne lui en veut plus là, à sa grand-tante. De ce petit mépris qui sourdait en elle. De ce recul vis à vis d’elle.

De celle qui, peut-être bien, est la vieille dame qu’elle rêverait – bizarrement – de devenir.

Une vieille dame vivante et joyeuse.

Une vieille dame qui considérerait tous les enfants de son entourage, tellement elle aurait le cœur OUVERT.

Alors, ce soir, elle se fait cette promesse à elle-même.

De laisser sa chance à chacun.

Un sourire prend son visage.

 

Un bécot ! Puis, au dodo ! Elle espère qu’elle dormira bien. Contre Noé elle se calfeutrera. Tout contre lui.

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