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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 11:00

J'avance. Dans le bar malfamé, j'avance. Quelle ombre au tableau? Cette femme rouquine qui ondule sous la musique chaloupée.

Lieu de mauvaise vie. Lieu de l'ailleurs. Lieu de l'interdit. J'avance dans les odeurs de sueur, les odeurs musquées. J'avance dans la torpeur et je me mets au piano. Et je chante une femme simple, fraîche et fragile. Et la rouquine chaloupe encore.

Je ne saurai jamais sa peau. Peau de l'interdit et de l'ailleurs. Je ne saurai jamais son goût.

La féline entame une danse. Tel un serpent. Tel un reptile. Tel un fauve libéré de sa cage.

Et elle sort de sa cage.

Une voix rauque, d'outre-tombe défie le silence qui a pris le bar. Lascive, elle se donne. Voix velours.

Voix des amours. Du prémisse des amours. Quand la femme est une inconnue non encore aimée et qu'on désire attirer à soi.

Voix de l'enchantement du premier enlacement, seuls dans la voiture, la nuit.

Voix rauque du premier "je t'aime", si extrême, si neuf. Voix de l'inoubliable, cette première étreinte.

La rouquine est la femme simple, fraîche, fragile mais elle a quelque chose de plus. Elle est mystérieuse, envoûtante. Elle est la sève qui monte et qui se laisse hanter par un chant sortilège et des rumbas chaloupées.

Je suis dans mon lit et je caresse les cheveux blonds et soyeux de la femme que je souhaite épouser. Dans le sommeil d'où je la tire elle allume des yeux. Des yeux de féline.

La tendresse et la sensualité font-ils bon ménage?

La voix rauque de la rouquine se superpose à ma fiancée. Ce soir, je peux l'effleurer. Demain, peut-être elle s'évanouira. Mais pour l'instant, elle me regarde et son corps attend.

Rêve éveillé ou rêve endormi. Je préfère ma vie dans ses bras laiteux à tous les bars malfamés du monde. Je préfère rêver la rouquine et la trouver plusieurs fois par semaine dans les bras de ma blonde.

Je préfère vivre ma vie et avancer. Mais ce bar malfamé et sa rouquine, je les retrouve souvent dans un coin de ma tête. Je m'y sens alors un homme.

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