Solitude

Les pieds en éventails

Le sens du vent inquiète

Qui dit épouvantail

Evoque mon squelette

Solitude Sol Sol

Seule

Solitude

Quand je suis solitude

Les pieds en rond par terre

Epuisent mon plancher

Parler ou bien me taire ?

Je ne veux plus l’appeler

Solitude Sol Sol

Seule

Solitude

Quand je suis solitude

Les pieds bien endormis

Rêvent d’un corps à corps

La tête cherche un ami

Mais le cœur meurt encore

Solitude Sol Sol

Seule

Solitude

Quand je suis solitude

Les pieds tournent à droite

Au fond, vers la cuisine

Ma main cherche et tâte

L’air autour, l’air

Libre

Solitude Sol Sol

Seule

Solitude

Quand je suis solitude

Oser l’incertitude

Oser l’incertitude

Sans nid, ni sans habitude

            Quand je suis solitude…

Jardin aux allures du jardin d'Eden. Avec des broussailles en plus... On n'imagine pas Le Tout Puissant proposer à Adam,  ce très cher, un paradis brouillon. Pourtant, en sirotant le thé à la menthe de Suzanne - ma grand-mère - le corps bien au repos sur sa chaise longue bleue, je révise mon idée du catéchisme. Le jardin d'Eden avait forcément ce vert intense que n'ont que les herbes folles! Ces roses grimpantes. Mais oui! Bien sûr qu'elles existaient du temps d'Adam (le très cher). Les boutures de fleurs, c'était du super fastoche pour lui!

L'homme-de-la-nature. Eh ouais! Et j'en sais des choses.

Nan, mais mis à part cela, je découvre ma grand-mère, j'ai trente ans. Ce bout de pelouse quelque peu anarchique, ces roses et feuillages qui forment un passage comme de bienvenue, genre, bienvenue, vous êtes ici chez moi et je vous accueille parce-que vous le valez bien, et le potager - de superficie importante -, et les autres fleurs vivaces, pour beaucoup, mais d'une putain de beauté!

Et puis son chant aux intonations arabes, à elle. Venant de la maison.

Tandis que son chat me regarde, se demandant sûrement ce que je fous sur la chaise de sa maîtresse. Là. Ben rien. Je bois.

M comme, que faire de Ma vie? Est-ce qu'ecrivain est un métier? Quand on n'est pas "commercial" et que les valeurs humaines sont importantes pour nous, que peut-on faire à part une profession sociale?

E comme ...Euh... Ma vie est point d'interrogation. Un puits d'interrogations, même.

T comme , Tiens, et si on lâchait l'ordi pour arrêter de s'échiner à trouver quel métier pourrait faire l'affaire?

I comme, il était un petit polisson sson sson! Euh non, c'est pas ces paroles, même en retenisseur de paroles, chuis nulle!

E, ben, Euh..., j'ai pas avancé dans ma réflexion du jour.

R, Rage Oh rage, nage et nage, la vie est orage, tu surnages et mirage ô mirage, tu n'es plus une image. Au jour le jour, prendre chaque problème. Tu deviens plus sage.

CatNana

Ma meilleure amie vient de perdre sa maman. Je dis maman car elle était très proche d'elle. et puis, on sait bien, qu' au fond de nos coeurs l'on dit "maman", et pas "mère". Actuellement, je reviens à la foi de mon enfance. Mais je trouve que la mort est contre-nature. Je ne l'accepte pas. Je n'arrive pas à faire avec. "On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville", chanson de Bernard Lavilliers je crois. Je viens de l'écouter, elle m'a tiré des larmes des yeux. J'aime Saint-etienne de tout mon coeur. Je n'ai pas vécu ici dans l'enfance mais mes premiers ancrages d'adulte sont là; A l'eglise Saint-Louis, j'ai déposé deux cierges, une pour mon amie, l'autre pour bibi. C'est le lendemain du décès de sa maman. Le temps est très gris. Je crois qu'il pleut. Je pense que les choses s'apaisent. Saint-etienne, on dirait Brest, surtout avec un temps pareil. Et c'est un compliment!

Je suis triste pour mon amie. Mais je sens que la vierge la protège, elle et sa famille. Pour moi qui suis très sensible, voire fragile, la question est: comment accompagner mon amie dans ce qu'elle vit. Tiens, la pluie, à l'instant, se déclenche, et lave le sol. Caresser l'âme et balayer les mauvais choix, la mauvaise vie. J'aime pas ce terme, "mauvaise vie". On dirait un jugement. Mais j'ai voulu mettre ça. J'ai appelé les amies d'enfance. Je prie de toutes mes forces "maman Marie" d'accompagner Florence, et de laisser un pont entre ma copine et sa mère. Que Flo puisse dialoguer avec sa mère, mais d'une autre façon que sur terre. Of Course.

Voilà. Témoignage de Catherine qui pense à son amie.

Des chants d'imâm semblent faire bouger les rideaux du boudoir de Suzanne. Un parfum de chaleur, celle du sud, du henné, et de l'odeur du secret des femmes. Murs orangés, bougeoirs et bougies... D'un côté, en face de la porte où je me trouve, le coin sofa. De l'autre, le coin bureau. Antre aux couleurs odorantes, antre mystérieux. Je regarde sans avancer. Le salon est immobile, mais le rideau aspire l'air du dehors.