Ses seins ronds et lourds et prometteurs de la plus douce des embrassades
Sa voix qui monte dans les aigus, qui s'exclame, qui rugit
Son doux sourire
Même ses sourcils froncés
Elle qui me dit "tu es intelligente"
Elle qui me protège et me défend, becs et ongles
Elle qui me serre dans ses bras
Crêpes - beurre aux haricots - omelette bien baveuse
Le filet de dinde avec sa chapelure, mon premier coup de coeur culinaire, mon seul?
Elle, qui avait 50 ans à ma naissance
Le même âge que la reine d'Angleterre, toujours vivante cette caille!
Elle dans les yeux de qui j'avais une place, ma place, toujours
Elle qui paraît-il est morte, il y a près d'un an maintenant
Je me souviens son chaud
Sa tendresse
Son chaud, ma bretonne en qui je me vois
Je ne saisis pas l'impalpable
La mort
J'ai comme tourné une page
Un monde dans lequel elle n'existe pas - plus -
J'aimerais son chaud encore, pas qu'une fois
Plein de fois.
Mais, me demandé-je, a-t-elle vraiment existé?
Sommes-nous si peau de chagrin?
Si peu de chose?
Poussière.
Rien.
Je ne sens pas son vide
A-t-elle vraiment existé?
Le passé est-il toujours présent?
Je tourne la page.
Mais le futur n'existe pas, pas encore.
J'ai arraché ma page, il faut bien arracher sa page
Elle avait le corps doux et chaud
Et le regard qui vous grandissait. C'était une beauté. Ma beauté elle m'a aidée à grandir
La fenêtre du voisin est ouverte et allumée.
Et toi? Qu'en est-il de toi? Existé-je toujours pour toi?
Ce soir je pense à toi, qui m'a tant énervée, et tant appris
TOi que je ne saurais nommer
Reste, reste encore un peu
Tu verras, je te fais une place, toute chaude, toute mouillée, toute caressante au coeur de moi
Puis-je te garder en moi?
J'aimerais d'autres moments comme ça avec toi
Serre-moi dans tes bras
Tout ce qui est douillet et chaud me fait penser à toi.
Bisous.
Catherine, ta petite fille...